Exposition “La mort en ce jardin”

15.03 - 06.04.2024

COMMISSARIAT : Laure Boucomont & Marie Gayet

AVEC : Michel Blazy, Emma Bourgin, Anouck Durand-Gasselin, François Durif, Hubert Humka, Denis Laget, Pauline Lucas, Clara Rivault, Lionel Sabatté, Noémie Sauve, Anna Katharina Scheidegger, Paul Youenn & Eliott Vallin

« On sent bien que ce que l’on expire finit toujours dans quelqu’un d’autre. »

Respire, Marielle Macé

« Les choses mortes peuvent renaître, ailleurs, dans un autre contexte.
Le désir qu’elles suscitent produira leur nouvelle vie. »

Sans valeur, Gaëlle Obiégly

C’était le mois de juin. Sur les tombes du cimetière russe, les fleurs s’en donnaient à cœur joie, les corolles épanouies par brassées, les pétales frémissants, l’air traversé d’effluves parfumées ; se pouvait-il que l’atmosphère soit si légère alors que nous étions entourés de morts et que la terre abritait des cadavres et leurs décompositions ?

  • A la faveur du correcteur automatique, sur l’écran de l’ordinateur, « fleur » est devenu « felur » et « l’œuvre », « levure » ! Pour l’exposition La mort en ce jardin, dont la thématique est sur la mort et la vie, d’une manière inopinée, le glissement sémantique vient rappeler l’essentiel, à savoir que la beauté d’une fleur est éphémère, que toute mort laisse la trace d’une blessure et qu’une œuvre est une création capable de sou/lever de la matière, un ferment de substance active. Bien plus, l’éclosion fortuite des deux mots, en remplacement de deux autres, semble mettre en lumière d’une manière simple, ce que la philosophie et la religion débattent depuis toujours : la mort est inéluctable à la vie, la vie dans la mort trouve une autre forme, les deux sont l’énigme métaphysique de l’humanité depuis ses origines... Quant aux neurosciences, elles étudient les frontières qui séparent la vie de la mort et parlent maintenant davantage du mourir que de mourir.

    Loin d’éluder la réalité de la mort en tant que telle – la disparition de tout être vivant prive de sa présence à jamais et nous fait toucher au néant –, les œuvres des artistes de La mort en ce jardin circulent entre les mondes, et donnent une réalité tangible du cycle qui unit la vie à la mort, dans ce qu’il a de plus indicible, de plus puissant, et parfois même, dans ses aspects repoussants, comme la pourriture ou la dépouille. Dans son livre Esthétique de la charogne, Hicham-Stéphane Afeissa (1) traite d’un « art de la décomposition » et malgré le dégoût qu’il inspire, son expérience esthétique peut être considérée comme « une expérience cognitive de savoir et de connaissance ». Plus encore que les Natures mortes ou les Vanités qui restent généralement au stade du concept, les représentations de moisissures et cadavres dans l’art permettent selon l’auteur « de voir la vie telle quelle, qui se transforme par elle-même ». Avec le poème La Charogne, Baudelaire cherchait-t-il à rendre compte le plus lucidement qui soit de la nature en putréfaction, dont on détourne le regard ? Non sans provocation, la vision qu’il donne de l’amas de chair putride passe de la beauté à l’insoutenable, « Et le ciel regardait la carcasse superbe, comme une fleur s’épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe, Vous crûtes vous évanouir. ». A contrario, les « carcasses » de Rembrandt, Soutine ou Chardin, pures natures mortes picturales, vibrantes de matière et de lumière, loin de repousser le regard, l’accrochent et s’offrent en objets de contemplation. Attraction, répulsion, la vision de la matière en décomposition ne laisse pas indifférent, alors même que d’un point de vue biologique, la nature est une grande scène de fermentation et qu’il est normal qu’elle ne cesse de se transformer, soit toujours en mouvement et en interaction. A sa façon, le jardin est lui aussi un espace instable, fluctuant, à même de changer d’apparence et d’ambiance. Merveilleux, captivant, mystérieux, souvent clos, parfois ouvert, il est un espace à part, à la fois l’endroit des délices, éden à la terre féconde et accueillante, ou plus cruellement, le lieu de supplices silencieux, habité par une multitude de petits organismes vivants, capables de se dévorer (ou de nettoyer ! pensons ici aux champignons) sans que personne n’y prenne garde. Parmi toutes les références mythologiques et spirituelles, le Dictionnaire des symboles définit le jardin comme « le lieu de la croissance, de la culture de phénomènes vitaux et intérieurs ». La tradition le rapproche souvent de la mort et des cimetières. Chateaubriand, grand arpenteur de ces lieux, les voyait ouverts aux dimensions de l’univers, dans le mouvement cyclique entre la vie et la mort, propre à l’homme comme à la nature. S’y répondent la terre et le ciel, le microcosme et le macrocosme, l’infini et l’au-delà.

    Sans y porter un regard naïf ou complaisant, La mort en ce jardin, organisée par l’association Fertile, prête attention à une autre réalité du vivant par-delà la mort. Dès le seuil - ce lieu d’« entre-deux modes d’être » (2) - , elle invite à une méditation entre le réel, les imaginaires et les états d’âme. Car la mort est manifeste : les bois de cerfs sont tombés, le petit corps d’oiseau se fossilise, l’homme est mort dans un accident d’avion, la poussière porte la trace de ce qui est passé, les visages sont des apparitions, la cire épouse lentement le pourrissement, la peinture le remue, la peau est exsangue, l’animalité sauvage, le glacier fond à vue d’œil, les images sont mémorielles, des fragments d’histoire... Sur la terre vivante de l’humus, l’ombre croise la lumière. Le temps est à l’œuvre. Et cela a quelque chose de miraculeux.

    Marie Gayet

    1 - L’esthétique de la charogne, Hicham-Stéphane Afeissa, éditions Dehors, 2018

    2 - Le seuil, espace physique et symbolique décrit par Mircea Eliade comme « un entre-deux modes d’être », cité par Agnès Violeau dans Pratiquer l’exposition, une écologie, Éditions Mix, 2024

 
 

La moitié des bénéfices générés par la vente des œuvres d’art est reversée à l’association Fertile Art afin de financer le budget de production des résidences d’artistes organisées au Domaine de Toury.

 

Les Artistes

  • Né en 1966, Michel Blazy vit et travaille à Saint-Denis.

    Depuis ses études à la Villa Arson dans les années 1990, l’artiste travaille sur l’exploitation de la matière et du vivant. Privilégiant des matériaux humbles généralement issus de son quotidien, produits que l’on peut trouver dans la cuisine (gobelets en plastique, papier essuie-tout, colorants alimentaires, détergents, etc.) ou éléments vivants provenant du jardin, Michel Blazy donne à voir des propositions libres et évolutives qui revendiquent le passage du temps. Qu’il s’agisse de ses premières expérimentations avec les lentilles, de ses murs qui pèlent ou encore de ses fontaines de mousse, les œuvres de Michel Blazy mettent à l’honneur les mutations de la matière et laissent place au hasard et à l’imprévisible. L’artiste donne l’impulsion première, la matière fait le reste, évoluant et se transformant dans l’espace-temps de l’exposition, en fonction de ses propriétés et de ses conditions de monstration. Critiquant toujours avec humour et poésie le consumérisme contemporain, son travail remet non seulement en question le statut d’œuvre d’art mais nous propose une alternative réconciliant l’artificiel et le naturel, l’univers technologique et le monde du vivant.

    Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques dont le Musée national d’art moderne–Centre Pompidou, France ; le Museum of Old and New Art (MONA), Tasmanie ; le Musée d’art moderne de Paris, France ; le Fond National d’Art Contemporain, Paris, France; le Nouveau Musée National de Monaco et une dizaine de fonds régionaux d’art contemporain en France (FRAC).

    Plusieurs expositions lui ont été consacrées ces dernières années, notammen : Six pieds sur terre, Le portique, Le Havre (2022) ; Multiverse, La Loge, Brussels (2019) ; We Were The Robots, Moody Center for the Arts, Houston, TX (2019) ; Living Room II, Maison Hermès, Tokyo (2016), Pull Over Time, Art : Concept, Paris (2015) ; Bouquet Final 3, National Gallery of Victoria, Melbourne White Night (2013) ; Post Patman, Palais de Tokyo, Paris (2007). Le travail de Michel Blazy a fait partie de l’exposition Viva Arte Viva, curatée par Christine Macel lors de la Biennale di Venezia 2017.

  • Née en 1989, Emma Bourgin vit et travaille entre Bobigny et Paris.

    Emma Bourgin est une artiste-plasticienne française. En 2012, elle obtient son DNSEP avec les félicitations du jury de l’École Supérieure d’Arts et médias de Caen où elle rencontre son matériau de prédilection, la cire d’abeille qu’elle appréhende comme une seconde peau lui permettant de côtoyer la chair du monde. La matière, ses désirs, ses sautes d’humeur et ses contradictions la fascinent.

    En 2013 elle est lauréate du Prix Michel Journiac et obtient sa première exposition personnelle à la galerie du Haut Pavé, Tentative de capture du soleil. Heureux d’être à l’honneur, ce dernier lui porte chance et lui permet d’y réexposer 5 ans plus tard pour N’être moule (2018) quelques mois avant l’exposition collective Des artistes & des abeilles à la Topographie de l’art. En 2016, elle réside trois mois au sein du centre d’art L’H du Siège (Valenciennes) qui lui permet d’asseoir son goût pour les matières locales et le travail in situ.

    Depuis 2019, elle collabore régulièrement avec le jardinier-paysagiste Léonard Nguyen Van Thé mêlant expositions et jardins. Ce qui les réunit souvent c’est la volonté de prendre soin des lieux dont les matières vivantes comme inertes racontent l’histoire. En 2019, elle est invitée par le Centre d’art Les Tanneries (Amilly) à effectuer une résidence-mission d’un an en EHPAD où elle donne davantage d’importance à l’aspect performatif et culinaire de son travail. Cela lui a d’ailleurs valu une invitation à exposer à la Maison des Arts Plastiques de Chevilly-Larue au printemps 2022. Lauréate aux côtés de Léonard Nguyen Van Thé du programme Mondes nouveaux initié par le Ministère de la Culture, ils réalisent ensemble un monument-jardin en hommage à la vallée de la Roya dans le village de La Brigue en 2023. C’est durant cette même année qu’elle est invitée à réaliser une exposition personnelle à la galerie Univer à Paris.

  • Née en 1975, Anouck Durand-Gasselin vit et travaille à Paris.

    Tout d’abord photographe, Anouck Durand-Gasselin commence ses recherches dans la forêt avec la cueillette et la marche. Les éléments trouvés ou rapportés (tapis, champignons, bois de cerf ou encore paillettes de mica) font l’objet d’attentions soutenues et de manipulations variées : moulage en plâtre, sporulation, dessication, myci-cultures. Différents dispositifs de création méthodiques voire scientifiques et agricoles permettent d’atteindre le cœur de la matière et la profondeur du regard. L’enjeu est absolument celui de l’image et de l’imaginaire. Hasard, observation et connaissance du vivant constituent le champ de son expérience animé par la volonté d’un certain ré-enchantement.

    Ses œuvres font l’objet d’expositions en France et à l’étranger : au centre d’art contemporain de Malakoff pour l’exposition Couper les fluides en 2023 ; à la biennale d’art et design de St Etienne en 2022, au Musée Denys Puech à Rodez en 2020, en Chine à l’Académie des Sciences de Dunhuang en partenariat avec le Musée de l’Homme en 2019, au Centre Art Bastille à Grenoble invitée par Cécile Beau en 2017. Elle participe à la première Biennale de l’image Tangible à Paris en 2018.

    La Galerie ALB a soutenu son travail avec notamment en 2016 l’exposition personnelle Tamogitake, en 2012 l’exposition personnelle Collections soutenue par le CNAP et de nombreuses expositions collectives et foires dont Fotofever en 2019.

    En 2024, elle a préparé une performance culinaire Osmose à la Chapelle des Cordeliers à Toulouse. Elle participera à l’exposition collective et au colloque Blast à l’Univesité Toulouse Jean-Jaurès 2 et interviendra au centre d’art contemporain de Malakoff à partir de mars 2024 pour un projet au long cours nommé Centre d’art nourricier.

    Anouck Durand-Gasselin est également enseignante à l’Université Toulouse Jean- Jaurès 2 à Toulouse, à L’École des Arts de la Sorbonne à Paris depuis 2011, où elle est responsable du laboratoire argentique depuis 2019. Elle est également présidente et co-commissaire de l’association Sur le sentier des Lauzes en Ardèche.

  • Né en 1968, François Durif vit et travaille à Paris.

    Diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 1997, François Durif s’est toujours tenu à une pratique d’écriture pour élaborer ses interventions dans l’espace public comme dans les lieux d’exposition qui l’accueillaient. Endossant à chaque fois un nouvel habit – homme d’intérieur, plâtrier-peintre, homme-sandwich ou vitrier –, il cherche à déplacer la figure de l’artiste sur des terrains où on ne l’attend pas forcément, jusqu’à rompre avec le monde de l’art. Il exerce alors le métier de conseiller funéraire et celui de maître de cérémonie dans l’agence parisienne de pompes funèbres L’Autre Rive (2005-2008) ; expérience professionnelle qu’il relate dans son premier récit Vide sanitaire paru aux éditions Verticales en 2021.

    Pensionnaire en littérature à la Villa Médicis (2022-2023), il se saisit du mot « confetti » devenu motif, avec l’intention de détruire une partie de ses archives et de les disperser dans la ville. La mort de ses parents survenue lors de son séjour modifie la tonalité de son projet. De ses allées et venues entre Rome et Clermont-Ferrand, de son tiraillement entre passé et présent, il fait la matière de son prochain récit Torno subito, se liant à la dispersion, à l’intermittence, à l’éclat fragmenté des images que la danse des petits pas dans l’atelier appelait. Lors de sa parution aux éditions Verticales en octobre 2024, des performances conçues comme des prolongements de son livre seront présentées au Générateur, au Centre Wallonie-Bruxelles, ainsi qu’à la Maison de la Poésie. En mai 2024, il proposera une performance muette – Défaire le mur – le jour du finissage de l’exposition « Murs d’images d’écrivains » au Musée L à Louvain.

  • Né en 1983, Hubert Humka vit et travaille à Paris.

    Hubert Humka est un artiste visuel et photographe polonais. Il se concentre sur des sujets décrivant la nature humaine dans ses côtés clairs et obscurs. Son œuvre dépeint l’humanité de manière détournée, à travers le prisme du paysage, des scènes de crime ou, plus récemment, des lieux de sépulture naturels. Il est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat de la faculté de photographie de la Lodz Film School, où il donne également des conférences.

    Ses projets ont été présentés lors d’expositions dans des musées et galeries polonais et étrangers, notamment : Musée Contemporain de Wrocław, Galerie Leica Varsovie, Maison de la Photographie Lille, Galerie Claude Samuel Paris, ainsi que lors de festivals internationaux de photographie, tels que les rencontres d’Arles, Transphotographiques (France), Fotofestiwal Lodz (Pologne), entre autres. Il est finaliste de la Sélection Prix Voie Off aux Rencontres d’Arles Off Festival (France) et Photo Diploma Award (Pologne). Auteur de livres : Evil Man (Lodz Film School Press, 2015), nommé pour le Prix Bob Calle du livre d’artiste (2019), Death Landscapes (BLOW UP PRESS, 2018), et Eternal U (BLOW UP PRESS, 2023).

  • Né en 1958, Denis Laget vit et travaille à St Étienne.

    Originaire de Valence, il a été lauréat de la Villa Médicis (1989 / 1990).

    « Portraits, vanités, natures mortes, paysages… Denis Laget maintient sa peinture dans les sujets classiques de l’histoire de l’art. Si l’on tente de lister plus finement les séries qui ponctuent cet œuvre depuis environ trente-cinq ans, on trouve : des portraits, des citrons, des crânes, des harengs, des quartiers de viande, des têtes de mouton, des méduses, des paysages, des fleurs, des chiens, des oiseaux, des feuilles de figuier… C’est une collection à la fois banale et étrange, une sorte de cabinet de curiosités, où rien d’extraordinaire ou de spectaculaire ne s’impose. Est-ce à dire pour autant que tous ces sujets sont aléatoires, de purs prétextes à peindre, des images-supports sans signification et sans enjeu en soi ? »

    - Karim Ghaddab « Ne pas effacer » / « Do not delete », in Denis Laget, FRAC Auvergne, Musée des Beaux-Arts de Rennes, Musée Estrine, 2019.

    Depuis 1986, ses œuvres sont régulièrement exposées dans de nombreux musées et galeries dont la galerie Claude Bernard à Paris et la galerie Béa‑Ba à Marseille. En 2019, le musée des Beaux‑Arts de Rennes lui consacre une exposition rétrospective ainsi que le FRAC Auvergne. Cette exposition est présentée par la suite en 2020 au musée Estrine à Saint-Rémy-de-Provence.

  • Née en 1994, Pauline Lucas vit et travaille à Paris.

    Pauline Lucas est dilpômée en 2023 de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris dans le secteur Art-Espace. Son mémoire L’Absolu et la Mort traite de son intérêt pour tout ce qui est lié à la mort et à la transcendance, l’axe majeur de son travail.

    De 2015 à 2018, elle a étudié à la Skema Business School (France) et à Munich au sein de la Business School (Allemagne) où elle suit un Master of Sciences International Marketing and Business Development et Master of Arts in International Business, Spécialisations « International Marketing » et « Luxury Management » (double diplôme).

    A l’été 2023, elle est en résidence au Manoir de Soisay et participe à l’exposition collective Perche, France. A l’occasion de Nuit Blanche 2023, elle expose à Césure, un lieu de Plateau urbain (Paris 5).

    En juin 2023, elle est accueillie à la Villa Médicis dans le programme des résidences courtes.

  • Née en 1991, Clara Rivault vit et travaille à Paris.

    Diplômée de l’École Supérieure des Beaux-Arts Montpellier Contemporain et d’un Master avec les Félicitations du jury à La Cambre (BE), à l’issue desquels elle intègre le laboratoire de recherche « La Céramique Comme Expérience » conduit par l’artiste Michel Paysant au sein de l’École Nationale Supérieure d’Art et de Design de Limoges.

    Clara Rivault explore une pluralité de techniques apparentées aux arts du feu telles que le bronze, le verre soufflé, la céramique ou la porcelaine. Son appétence pour l’apprentissage de techniques nouvelles usant de médiums variés, l’amène rapidement à s’associer à des dispositifs de résidence (Belgique, France, Grèce, Italie). Membre active de POUSH Manifesto (Aubervilliers), elle instaure des passerelles entre l’art contemporain et l’artisanat. Elle a dernièrement participé à l’exposition 100% à la Grande Halle de la Villette consacrée à la jeune scène française et est dernièrement lauréate du projet « Hedera » une œuvre monumentale pour la façade du nouveau siège social de l’Institut Français dans la charte un immeuble, une œuvre.

    Aujourd’hui spécialisée dans l’art du vitrail, l’artiste se consacre à ce processus de création long, initié par des prélèvements photographiques, qu’elle vient fragmenter, puis recomposer et cristalliser, afin de proposer un récit où se confondent mythologies et monde réel. L’observation minutieuse de matières organiques et de tissus vivants, nourrissent une palette de formes et de textures que l’artiste insuffle dans le verre, leur donnant une dimension sculpturale. La notion de corps s’apparente au fil rouge nourricier du travail polymorphe de Clara Rivault.

  • Né en 1975, Lionel Sabatté vit et travaille entre Paris et Los Angeles.

    La sphère du vivant ainsi que les transformations de la matière dues au passage du temps se retrouvent au coeur du travail de Lionel Sabatté. L’artiste entame depuis plusieurs années un processus de récolte de matériaux qui portent en eux la trace d’un vécu : poussière, cendre, charbon, peaux mortes, souches d’arbres... Ces éléments sont combinés de manière inattendue et les œuvres ainsi créées portent en elles à la fois une délicatesse mais aussi une « inquiétante étrangeté », donnant vie à un bestiaire hybride dans lequel des créatures des profondeurs abyssales côtoient des petits oiseaux des îles oxydés, des ours, des loups, des émeus, des chouettes, mais aussi des licornes... Pratiquant à la fois la peinture, le dessin et la sculpture, Lionel Sabatté tâche de faire dialoguer l’ensemble de ses oeuvres dans une interconnexion permanente.

    Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2003, Lionel Sabatté a reçu plusieurs prix artistiques tel que le prix Luxembourg Art Prize en 2021, le prix de Peinture de la Fondation Del Luca en 2019, le Prix des Amis de la Maison Rouge qui lui a permis de produire une œuvre, présentée au sein du patio de la fondation en 2018, le Prix Drawing Now en 2017 et a reçu le Prix Yishu 8 de Pékin en 2011. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions monographiques en France comme à l’étranger, intégrant plusieurs collections institutionnelles. En 2023, il a eu une grande exposition au Château de Chambord, a fait partie de l’exposition d’été au domaine régional de Château de Chaumont sur Loire, une autre en Belgique...

  • Née en 1980, Noémie Sauve vit et travaille à Paris.

    Dans son travail sur de nombreux supports (dessin, sculpture, peinture, mise en scène), Noémie Sauve s’emploie à dresser une iconographie des fantasmes archéologiques et contemporains autour des thèmes de la domestication des éléments, des animaux et du paysage à travers l’exploration des formes et des matériaux. Elle collabore régulièrement avec des scientifiques et cherche à défendre la complexité du vivant comme principe d’autonomie fondamentale. Elle est régulièrement invitée au sein de projets croisant art et science (Tara Pacific en 2017 ou encore Vulcano en 2021). Sa pratique artistique irrigue également de nombreux domaines dans lesquels elle est pleinement engagée comme la création du Fonds d’Art Contemporain Agricole de l’association Clinamen (FACAC).

    En parallèle, Noémie Sauve est enseignante à l’école supérieure d’art et de design TALM Le Mans et organise des expositions au sein du collectif Ouvrages. Elle a récemment présenté ADMIRATIO au Drawing lab (Paris 1) qui réunissait des œuvres issues de deux expéditions scientifiques Tara et Vulcano. En 2024, elle participe à l’exposition Artistes et Paysans aux Abattoirs (Toulouse) et à l’exposition Anniversaire Regenerative Futures de la Fondation Thalie à Bruxelles.

    La série des oiseaux « silex » en céramique, acquise par la Fondation François Sommer en 2016 est exposée en permanence au Musée de la Chasse et de la Nature dans le cabinet de Darwin.

  • Née en 1976, Anna Katharina Scheidegger vit et travaille entre Paris et Berne.

    Diplômée de L’ENSAD en 2003 et du Fresnoy en 2005, Anna Katharina Scheidegger est une artiste pluridisciplinaire qui privilégie la photographie, la vidéo et l’installation. Elle s’intéresse tout particulièrement aux états transitionnels de la matière. La trace, aussi bien des glaciers que des plantes ou des êtres humains, amenée à disparaitre est interrogée dans une tentative de préservation de la mémoire, dans une célébration sublime de la fragile beauté du monde.

    Elle a effectué de nombreuses résidences en France et à l’étranger dont la Cité internationale des Arts à Paris et la Casa Velasquez à Madrid. Ses photographies sont présentes dans les collections du FNAC, de la MEP, de la Société Générale. Récompensée par de nombreux prix en Suisse et en France, elle a remporté en 2020 la bourse de recherche du Collège international de la photographie du Grand Palais. Son travail a été exposé au Centre Pompidou, au Grand Palais, à la Kunsthalle de Bern, aux rencontres de la photographies à Arles.

    La série Melting Diamonds évoque le dramatique recul des glaciers. Fixés à travers des photogrammes, les précieux morceaux de glace se sont imprimés sur des papiers photosensibles, figeant ainsi la fonte en de larges radiographies colorées, offertes comme des joyaux.

    Pour l’exposition Fertile, A- K Scheidegger a réactivé et filmé l’installation Quelques gouttes d’éternité. Cette installation réalisée à la suite d’un rêve fait par l’artiste après la mort de son père, présente un monde intermédiaire où l’eau, l’image qui y flotte, les reflets de lumière représentent l’âme du défunt, présence à la fois fugace et immortelle.

  • Nés respectivement en 1997 et 1998, Paul Youenn et Eliott Vallin vivent et travaillent à Paris.

    Paul Youenn et Eliott Vallin collaborent ensemble depuis 2020. Leur philosophie est guidée par le processus d’adaptation : ils capturent, transforment et valorisent les fragments qui nous entourent. Ils s’approprient les rebuts en développant leurs propres procédés de création.

    Paul Youenn est artiste, designer, curateur : en jouant avec les échelles, les textures et les proportions, il montre l’invisible et le rend tangible. Dans son processus, il combine haute technologie et artisanat.

    Eliott Vallin est un artiste-designer, son travail est une exploration qui entrelace émotions et fascinations, offrant une fusion du poétique et du brut. En traduisant les souvenirs en récits visuels, ses œuvres explorent les questions d’identité.

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